Je suis lente comme les Bernois

Hier, une fois n'est pas coutume, j'étais en balade à la capitale. Je dois avouer que je l'aime cette Berne fédérale, et pour plein de raisons. J'aime son atmosphère flegmatique, la lenteur légendaire des ses habitants, ses rues pavées jalonnées de fontaines, ses jolies arcardes et ses parcs arborisés... et surtout j'aime ses fleuristes.

C'est probablement la proximité campagnarde mêlée au boboïsme-écolo-bernois qui permet l'émergence de boutiques aussi inventives et naturelles que Cave Verde,  Maronesa à Liebefeld ou ma préférée entre toutes: Secret Gardens.
En balade dans la vieille ville donc, je n'ai pas résisté à la tentation d'entrer chez Secret Gardens pour montrer l'endroit à Asma qui m'accompagnait. La boutique est de taille modeste, mais passer le pas de sa porte revient à pénétrer dans un univers uniquement peuplé de grandes fleurs et de plantes vertes massives, une Brocéliande urbaine du 21e siècle.
"Je peux vous renseigner?", la maîtresse des lieux en jeans-converse, à l'aise dans son no-look, nous accueuille en souriant.
"Non, merci, on regarde..."
"Ok, bien-sûr... euh vous êtes fleuriste?"
"Non... oui!"
"Vous cherchez du travail?"
...
Oh my God!
Tellement secouée par la proposition spontanée et mes difficultés à capter la longue explication en patois bernois qui suivit que j'ai juste réussi à sourire-et-dire-non-merci-aurevoir. Même pas eu le réflexe de lui tendre ma carte de visite. Stupid moi.
Et Asma en sortant qui me dit:"Je pensais que t'allais sauter sur l'occasion!". Et ben non. C'est peut-être ce qui fait que je me sens si à l'aise à Berne au fond. Je suis lente, comme les bernois.