Souhaitant au maximum travailler avec des horticulteurs de ma région, je me suis mise à prospecter un peu. On m'avait parlé d'un horticulteur dans un petit village du coin, un de ces villages tout en pierre dont la route d'accès est à travers champs et criblée de nid de poules... Une carte postale, en vrai.
En début de semaine, je me suis donc mis en tête de découvrir ce que produit cet horticulteur. Après une recherche désespérée sur internet, j'ai trouvé un numéro de téléphone et j'ai appelé.
Moi: "Bonjour, je voudrais savoir ce que vous avez comme assortiment... Vous n'avez pas de site internet?"
La Dame: "Non, merci, nous on est des horticulteurs, on travaille nous, et on a pas besoin d'un site internet!"
Moi: "..."
La Dame: "Non mais vous comprenez, y'a déjà quelqu'un qui nous a appelé la semaine dernière pour nous faire un site internet, alors moi j'ai pas le temps!"
Moi:"Mais je veux pas vous faire un site internet, je veux vous acheter des fleurs!"
La Dame: "Ah, des fleurs, oui, on a des fleurs!"
Moi: "Quelles fleurs? Vous faites aussi des fleurs coupées?"
La Dame: "Je vous entends très mal, mais oui, on a des fleurs, il faut venir voir!"
Moi: "Ok, quels sont vos horaires?"
La Dame: "On est ouvert tous les jours!"
Moi: "Oui, et de quelle heure à quelle heure?"
La Dame: "Oh, on est ouvert tous les jours nous!"
Bref, j'ai pris ma voiture et j'y suis allée. Résultat de la course, pas de fleur coupée. Et en prime, j'ai eu droit à une explication de dix minutes sur la différence entre les horticulteurs et les fleuristes ("Alors moi, si je veux des roses, et bien je vais les acheter chez le fleuriste!"... "Oh et puis vous savez, les fleurs coupées, maintenant elles viennent toutes d'Amérique du Sud!").
Je suis restée pantoise.
J'ai quand-même emporté un Skimmia et un Heuchera Ginger Ale à planter dans le futur coin à vivaces de mon jardin à cueillir ("Mais vous savez, vous feriez mieux de venir au printemps les acheter vos vivaces, parce qu'elles sont mois chères!"... Bouche bée bis. Très bien, je prends note.) et je suis partie.
Preplexe et frustrée, j'ai conduis jusqu'à un autre fournisseur-de-derrière-les-fagots et je suis rentrée avec des roses de jardin, des dahlias blancs et des cosmos. Comme quoi, il y en a quand-même des fleurs coupées dans la région... J'avoue que je rêve encore de trouver l'équivalent de la ferme d'Erin,
Floret Flowers Farm, quelque part aux alentours, mais mes espoirs s'amenuisent petit à petit.
Enfin, en attendant d'en faire quelque chose de plus élaboré, j'ai mis les roses de jardin simplement dans un petit vase, sur le bord de la fenêtre du bureau. Et à l'heure où j'écris ce billet, elles embaument la pièce avec délicatesse.
Douce consolation.